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Le Conseil d'Etat
A quoi sert le Conseil d'État ?
Descendant direct du Conseil du Roi, le Conseil d'État se distingue, depuis sa
création en 1799 par la constitution du 22 frimaire an VIII, par sa double
fonctionnalité, consultative et contentieuse.
- Le Conseil d'État est le conseiller du gouvernement. Il est
chargé de donner son avis sur la légalité et l'opportunité des projets de
lois et des projets de certains décrets.
Cette mission est historiquement sa mission première. Elle explique le
mode de recrutement des membres du Conseil d'État et justifie qu'il soit
le premier corps de l'État.
- Le Conseil d'État est le juge administratif suprême.
En effet, le système juridictionnel français se caractérise par la séparation
entre un ordre juridictionnel judiciaire, dont la cour suprême est la Cour
de cassation, et un ordre juridictionnel administratif, dont la cour suprême
est le Conseil d'État.
Juge, selon les cas, en premier et dernier ressort, en appel ou en cassation,
il a toujours le dernier mot en ce qui concerne le règlement des litiges entre
l'administration et les administrés.
Cette mission se double dès lors d'une fonction jurisprudentielle : il doit
unifier le droit administratif.
Dans l'exercice de ses deux fonctions, consultative et contentieuse, le Conseil
d'État veille à préserver l'intérêt général et l'efficacité de l'action administrative
tout en protégeant au mieux les droits des citoyens.
Comment conseille-t-il le gouvernement ?
Le Conseil d'État est d'abord chargé d'examiner des projets de textes avant
leur délibération en Conseil des ministres.
La consultation du Conseil d'État est obligatoire pour les projets de
loi et d'ordonnances ainsi que pour les décrets pour lesquels cela a été prévu.
Mais le Conseil peut aussi être consulté de manière facultative, à la
demande du Gouvernement, sur tout projet de texte.
Depuis la révision constitutionnelle du 25 juin 1992, le Conseil est, en outre,
consulté systématiquement pour apprécier si les projets d'actes communautaires
comportent des dispositions relevant du domaine de la loi. Si c'est le cas, elles
sont alors soumises à l'Assemblée nationale et au Sénat.
Lorsqu'il examine un texte, le Conseil d'État se prononce sur :
- la forme : il veille à ce que les textes soient bien rédigés ;
- la légalité : il vérifie le respect des règles de compétence, de procédure
et sur le fond le respect des textes hiérarchiquement supérieures ;
- l'opportunité : il établit le bilan des avantages et des inconvénients
du texte.
Le Gouvernement n'est pas tenu de suivre les avis du Conseil d'Etat, mais le fait le
plus souvent. Ces avis sont secrets, sauf si le Gouvernement en décide autrement.
Le Conseil d'État peut aussi être consulté sur toute question par le
Gouvernement. Il a par exemple été saisi au moment de l'affaire du
« foulard islamique » en novembre 1989 pour préciser la portée du principe
de laïcité.
Le Conseil rend enfin des rapports sur des questions particulières et peut attirer
l'attention du gouvernement sur les réformes lui paraissant conformes à l'intérêt
général.
Composition
Le Conseil d'État est composé d'auditeurs, de maîtres des requêtes et de
conseillers d'État. A l'exception de certains emplois supérieurs réservés
aux conseillers d'État (Vice-Président du Conseil d'État, présidents de section,
présidents de sous-section au sein de la section du contentieux), les auditeurs
et les maîtres des requêtes effectuent un travail similaire à celui des
conseillers d'État.
Deux modes de recrutement existent : le concours et la nomination « au tour
extérieur », à savoir la nomination par le gouvernement, par exemple, de cadres
supérieurs de l’administration active ou de personnalités
du secteur privé.
- Les auditeurs au Conseil d'État sont recrutés par la voie du
concours, celui de l’École nationale d’administration
(ENA). Ainsi, chaque année, un certain nombre de postes d’auditeurs
(entre 5 et 7) sont offerts aux élèves sortants de l’ENA.
- Les maîtres des requêtes sont, pour les trois quarts, recrutés parmi
les auditeurs, à partir de 3 à 4 ans d'ancienneté. Le quart des emplois restant
est pourvu au tour extérieur (il faut être âgé de 30 ans et justifier de dix
années de service public).
- Les conseillers d'État sont, pour les deux tiers, recrutés parmi
les maîtres des requêtes à l'ancienneté. Le tiers restant est nommé au tour
extérieur (la seule condition est d'être âgé d'au moins 45 ans).
- A côté de ces membres ordinaires (auditeurs, maîtres des requêtes,
conseillers d'État), le Conseil compte des membres extraordinaires.
Parmi eux, figurent douze conseillers d'État, nommés par le gouvernement
par décret en Conseil des ministres, pour seulement quatre ans. Ils participent
uniquement aux activités consultatives du Conseil.
Le Conseil d'État est par conséquent composé de personnalités diverses, tant
par leur âge que par leur origine professionnelle, qui font ainsi bénéficier
le Conseil de leur expérience.
Organisation
- Le Conseil d'État est présidé en droit par le Premier ministre, mais la
présidence effective du Conseil revient à son vice-président.
- L'organisation du Conseil en matière consultative est la suivante :
- la section du rapport et des études : elle prépare le rapport annuel
ainsi que des études, veille à l'exécution des décisions des juridictions
administratives et assure des missions de coopération internationale ;
- quatre sections administratives (la section des finances, la section de
l'intérieur, la section sociale, et la section des travaux publics).
La plupart des avis sont rendus par l'une des sections administratives, mais
les plus importants sont rendus par l'Assemblée générale. Celle-ci peut
siéger en formation ordinaire (vice-président, six présidents de section et 35
conseillers d'État) ou en formation plénière (tous les conseillers d'État).
Les décisions urgentes sont prises par la commission permanente (vice-président,
un président de section et 12 conseillers d’État).
- L'organisation en matière contentieuse
Concernant l’organisation en matière contentieuse, la section
du contentieux est composée de dix sous-sections ayant chacune un domaine de
compétence propre.
Les arrêts posant le moins de difficultés sont rendus :
- par l'une des sous-sections ;
- ou par des sous - sections réunies.
Lorsqu'une affaire présente une difficulté particulière, elle est jugée par :
- la section du contentieux réunie en formation de jugement ;
- ou par l'assemblée du contentieux composée du Vice-président du Conseil
d'État, des six présidents de sections, des trois présidents adjoints de la section
du contentieux, du président de la sous-section qui a instruit l'affaire et du
rapporteur.
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